En présence de Maïté Doligez, directrice du Festival international du film d'animation de Baillargues et de Maryse Baute, ingénieur d'études en audiovisuel et chargée de cours en histoire du cinéma d'animation à l'université Paul Valéry.
Fantastic Mr. Fox
Écrit et réalisé par Wes Anderson
Film d'animation, États-Unis, 2009, 1h23mn, VOSTF - avec les voix de George Clooney, Meryl Streep, Jason Schwartzman, Bill Murray...
Cristal du long-métrage et Prix du public au Festival international du film d’animation d’Annecy, Annie Awards du meilleur scénario pour le cinéma en 2010.
Wes Anderson est impitoyable : avec lui, les renards ne coupent pas à la crise de la cinquantaine. Après tout, on n’est pas les seuls à prendre un coup de vieux...
Mr. Fox le sait bien, lui qui n’a de cesse de se languir de son ancienne vie d’aventurier chapardeur. Honnête père de famille, il a délaissé l’inconscience enivrante de ses exploits d’autrefois pour se consacrer à sa femme, sa progéniture et ses articles rasoirs dans le canard local. Et sans son cher masque de brigand pour lui bander les yeux, plus rien ne le préserverait de ce terrible sentiment : le temps passe... et le loup, tapi dans l’ombre, l’attend au tournant. Or, Fox a une peur panique des loups.
Mais quand sa petite famille aménage dans le voisinage des trois plus grosses fermes du pays, Maître renard ne résiste pas : il lui faut croquer de la poule.
Les connaisseurs d’Anderson le savent, le garçon n’est pas le dernier lorsqu’il s’agit de causer philo. Et Fantastic Mr. Fox, c’est son coup de maître. Le renard adulte mais immature s’impose comme une évidence parmi les personnages entre deux âges si chers au cinéaste. À tel point qu’après coup, on se dit que la rencontre entre l’américain et l’œuvre de feu Roald Dahl est dans l’ordre naturel des choses...
Mr. Fox parle de la frontière entre l'enfance et l'âge adulte avec une intelligence et une sensibilité rares. C’est en cela que le film est génial, dans sa manière de cerner l’essence de cette limite trouble. Et de n’en montrer que des bribes, sans vouloir jamais rien affirmer... Les amoureux de Wes Anderson pourront reconnaître plusieurs des personnages vus dans les films précédents. Alors, si Anderson travaille toujours les mêmes figures, on se le demande : quelle terrible créature se cache derrière le masque du loup ?
Fantastic nous convie ici à une synthèse de tout ce que ce cinéma a de plus jouissif : un divertissement au rythme infernal et sans le moindre temps mort mais aussi une mise en scène des plus plus aboutie, tant sa géométrie caractéristique est sublimée par la magie de l’animation en stop motion. Comme souvent dans le cinéma d'Anderson, cadres et couleurs s’emboîtent à la perfection dans ce style si théâtral que l'on aime ou que l'on déteste, mais qui fascine toujours.
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