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vendredi 15 mars 2013

CINÉ CAMPUS #7 - Funny Games U.S. - Mardi 26 Mars à 20h30 - Cinéma Utopia

CINÉ CAMPUS –  À la limite du visible
Projection unique le 26 mars à 20h30.
La séance est présentée par Caroline San Martin, docteur en études cinématographiques et en littérature comparée, ATER à l'université Paul Valéry, scénariste et rédactrice en chef de la revue Lignes de fuite.


Funny Games U.S.

Écrit et réalisé par Michael Haneke, 2007, États-Unis, 111 minutes

Avec : Naomi Watts, Tim Roth, Michael Pitt, Brady Corbet...

Souvenez-vous, en 1997, au festival de Cannes, Funny Games faisait scandale... Dix ans plus tard Michael Haneke réalise Funny Games U.S., un remake américain plan par plan de la première version... ceci pour s'ouvrir à un plus large public...

Greg, Anna et leur fils Georgie partent passer quelques jours dans leur maison de campagne. À peine arrivés, Anna reçoit la visite des deux jeunes voisins venus lui demander quelques œufs. La situation dégénère rapidement : les deux garçons changent de ton et deviennent de plus en plus insistants voire insolents. La famille se retrouve tout à coup séquestrée et livrée à un jeu macabre qui consiste à rester en vie jusqu'au lendemain matin. La folie des deux tortionnaires n'a pas de raison. Dénués de morale, ils vont jusqu'à s'adresser directement au public, le mettant ainsi dans une situation de voyeur. Cette apostrophe remet bien la position du spectateur en question concernant sa passivité face à la violence au cinéma.

Dans la trilogie de la violence comprenant les trois premiers films de Michael Haneke - Le Septième Continent, Benny's Video et 71 Fragments - le réalisateur parle de la violence d'une société poussant les gens à bout, les rendant ainsi capable des pires horreurs. Dans Funny Games U.S., il s'attarde davantage à critiquer la violence au cinéma. Comme dans les autres films d'Haneke, la violence est ici à la limite du visible. Les scènes de meurtre ne sont pas esthétisées, le cinéaste représente la violence telle qu'elle pourrait être. Qu'elle soit donc physique (Benny's Video), psychologique (Funny Games), ou sexuelle (La Pianiste), la violence est un thème récurent dans l'œuvre de Michael Haneke. Mais son cinéma se détache cependant de l'horreur. La violence, physique par exemple, est très souvent hors champ pour laisser place à l'imagination du spectateur, ce qui est d'autant plus angoissant car, Haneke le sait, l'appréhension est la somme de toutes les peurs.

Avec Funny Games U.S., le cinéaste pose très vite le ton, et personne n'est épargné. Il va jusqu'à provoquer le spectateur le rendant ainsi complice de cette violence. Dans ce film, Michael Haneke nous parle bien du cinéma et de son pouvoir de manipulation qui donne à accepter ce que l'on voit. À certains spectateurs ayant crié au scandale le réalisateur répond : « Après une première gifle, ils ont assisté à des actes de plus en plus violents sans broncher, alors que, à tout moment, ils auraient pu se lever et partir. Mais ils sont restés, collés à leur fauteuil, parce que le cinéma a un tel pouvoir de manipulation que, malgré toutes ces choses désagréables que je leur fait endurer, ils ont voulu connaître la fin ».