CINÉ CAMPUS – Le Monstre
Projection unique le Mardi 12 mars à 20h30.
La projection est suivie d'une
discussion avec Florent Christol, chargé de cours à l'université Paul Valéry et
doctorant en cinéma, spécialiste du cinéma d'horreur américain.
La Fiancée de Frankenstein
Écrit et réalisé par James Whale, d'après le
roman de Mary Shelley, 1935, États-Unis, 75', VOSTF
Avec Boris Karloff, Elsa Lanchester, Colin
Clive, Ernest Thesiger et Valerie Hobson
Mais pourquoi avoir
choisi La Fiancée de Frankenstein et pas Frankenstein tout
court ?
En effet, en
général les suites sont ratées pour ne pas dire que, souvent, ce sont carrément
des navets ! Mais n'écoutez pas cette petite voix maléfique et bornée car
nous avons affaire à une exception ! La Fiancée de Frankenstein, on
ose le dire, est supérieur à Frankenstein. Plus réussi, plus abouti,
plus beau, il est tout à fait indépendant de son prédécesseur, tant au niveau
narratif que stylistique. Donc pas d'inquiétudes pour celles et ceux qui
n'auraient pas vu le premier, ils ne se
sentiront pas lésés. Ici, le monstre créé par le Dr Frankenstein se retrouve
poursuivi par une horde de villageois. Sa fuite va se transformer en quête
initiatique et il va progressivement s'humaniser. Pendant ce temps,
l'abominable Dr Pretorius cherche à persuader le bon Dr Frankenstein de
poursuivre ses expériences : il veut créer une seconde créature, mais
cette fois-ci une femme !
Lorsqu'il tourne Frankenstein
en 1931, James Whale n'en est qu'à ses
débuts. L'expérience qu'il acquiert au cours des six films qui séparent les
deux volets (avec, entre autres, The Invisible Man en 1933)
dévoile alors en 1935 un cinéaste confirmé,
maître de son art. Le film abonde de trouvailles originales, d'effets spéciaux
qui n'ont rien à envier à Avatar (ne ratez pas les petites miniatures du
Dr Pretorius !). Mentionnons aussi l'inoubliable maquillage de Jack Pierce
ainsi que des décors et une photographie hérités de l'expressionnisme allemand.
Le tout élevant le film, n'ayons pas peur de le dire, au rang de chef d’œuvre.
La Fiancée de
Frankenstein est enfin plus fidèle à l'esprit du roman
de Mary Shelley, adapté par James
Whale : le monstre est un être sentimental qui cherche simplement à être
accepté, voire aimé. Son humanisation passe par l'art, l'amitié,
l'apprentissage de la parole, l'amour et le sacrifice... et c'est la
monstruosité des autres qui transparaît, non plus physique mais bien morale.
Une thématique que l'on retrouvera chez de nombreux cinéastes tels que Mel
Brooks, David Lynch et bien sûr, Tim Burton. Dans Frankenstein, vous
aviez découvert un monstre, ici vous allez rencontrer un homme !